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Dans cette période de post-confinement, où chacun.e d’entre nous questionne son mode de vie, son environnement, et qui pour certain.e.s s’extrairent de la ville et de son espace urbain est une question de survie, il est intéressant de revenir sur l’influence créative qu’a pu et peut avoir cet espace précisément. Le cycle de conférences intitulé Urbanité(s), pour cette année 2022–2023, explore les usages et réflexions mis en place par les artistes et architectes.
Il y a tout d’abord le rapport à l’espace public. Comment les artistes se l’approprient-ils ? On reviendra sur la pratique de la « dérive » urbaine initiée par Guy Debord et le mouvement International situationniste à la fin des années 1950, et aussi comment les artistes s’en emparent aujourd’hui. On s’attardera également sur l’architecture péri-urbaine avec ses grandes discothèques des années 1980–1990, empire du monde de la nuit qui aujourd’hui tombe en ruine. On comprendra comment la chorégraphe Trisha Brown envisage les façades d’immeubles comme un espace chorégraphique ; ou encore comment le dessin peut prendre une dimension architecturale.
L’espace urbain semblerait être une source intarissable d’inspiration, et devient pour certain.e un espace de liberté d’expression sans contrainte ni régulation.
Fabienne Bideaud
Commissaire d’exposition et critique d’art
Informations pratiques :
Les conférences et les projections (excepté le 11 janvier à l’ASCA) se dérouleront au CAUE de l’Oise — 4, rue de l’Abbé du Bos à Beauvais -
Artiste en résidence à l’EAB
Conférence par Myung-Joo Kim
Mercredi 14 septembre à 18h
Myung-Joo Kim présentera son parcours, son rapport à la céramique et évoquera son projet de résidence et l’exposition à l’école d’art du Beauvaisis.
Bio : Née à Daejeon, Myung-joo Kim fait ses études d’art céramique aux Beaux-arts de l’université de Hong-ik à Seoul et finit ses études à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Visuels de la Cambre à Bruxelles où son univers artistique se concrétise. Son oeuvre appartient à l’œuvre figurative dans laquelle le monde du « fantastique » règne en maître. Son univers infiniment poétique mais torturé rappelle la cruauté du romantisme, où tous les chemins conduisent l’amour à un état de désespoir total.
Art et espace public
Dans le cadre du mois de l’architecture :
Conférence par Amanda Crabtree, Directrice d’artconnexion — Lille
Modération par Lucy Hofbauer, Directrice du Quadrilatère – Centre d’art de Beauvais
Mercredi 28 septembre à 18h au CAUE
Comment réinventer et accompagner une nouvelle forme de relation entre la société et les artistes pour faire œuvre en commun ? Cette question est au cœur du travail d’Amanda Crabtree, Directrice d’artconnexion, maison de production, de diffusion et de médiation en art contemporain basée à Lille. Invitée par Lucy Hofbauer dans le cadre d’une réflexion sur les interventions dans l’espace public pour la Ville de Beauvais, la rencontre visera à envisager les multiples leviers de la démocratie culturelle : commandes citoyennes, projets de recherche et de médiation, expositions, conférences, résidences et compagnonnage artistique.
Bio : Amanda Crabtree est co-fondateur d’artconnexion en 1994. Elle enseigne au département Arts plastiques de l’Université de Lille, est responsable du parcours Exposition-Production du Master Arts et du Diplôme Universitaire « Faire œuvre comme on fait société » qu’elle a conçu en 2018. Elle est membre associé des laboratoires CEAC et LACTH dans le cadre de ses activités de recherche autour de la démocratie d’initiative et l’espace public.
Le fantôme de l’Impero
Conférence par Tony Regazzoni
Mercredi 19 octobre à 18h au CAUE
En 2021, Tony Regazzoni part sillonner le nord de l’Italie à la recherche des discothèques abandonnées érigéés entre la fin des années 1970 et le début des années 90. L’Ultimo Impero, inauguré en 1992 dans la ville d’Airasca (proche Turin), avait acquis le statut d’être la « plus grande discothèque d’Europe ». L’Ultimo Impero (dernier empire), connait un destin tragique comme la majeure partie de ces établissements. En convoquant l’Antiquité tant dans les formes que dans son nom, l’effondrement n’était-il pas prévisible ? La conférence reviendra sur ce périple et proposera des analyses architecturales et sociétales.
Bio : Tony Regazzoni prépare actuellement un opéra-vidéo dans les ruines de l’Ultimo Impero. Autour de ce projet, il réalise en 2022 une exposition personnelle au CAC Chanot intitulée « On achève bien les discos ». Il vient de publier sa première monographie « Fils 2 Cultes » avec le soutien de l’Adagp et édité par la Galerie Éric Mouchet. Il est représenté par la Galerie Éric Mouchet (Paris).
« Descripture »
Conférence par Nicolas Aiello
Mercredi 9 novembre à 18h au CAUE
Nicolas Aiello nous présentera sa relation à la marche et à l’espace urbain, ainsi que du rapport entre le dessin et l’écriture et son inscription dans l’architecture.
Bio : Nicolas Aiello (né en 1977) est diplômé de l’École Supérieure d’Art et Design de Grenoble. Ses premiers travaux se sont définis autour d’interventions dans l’espace public. Depuis 2008, la pratique du dessin comme expérience subjective de transcription, liée à l’écriture, a pris une place centrale dans son travail. Elle lui permet d’investir l’espace urbain mais aussi l’espace imprimé et les récits latents suggérés par des documents d’archives.
Guy Debord et la dérive situationniste
Conférence par Estelle Nabeyrat
Mercredi 14 décembre à 18h au CAUE
En 2011, la bibliothèque de France faisait l’acquisition des archives de Guy Debord classées Trésor national. L’exposition « L’art de la guerre » en 2013 dévoilait une partie des travaux du chef de file des situationnistes. En retraçant les grandes lignes de son parcours, nous nous arrêterons plus particulièrement sur la pratique de la « dérive » urbaine, en collaboration avec les membres de l’Internationale situationniste.
Bio : Estelle Nabeyrat est commissaire d’exposition et critique d’art. Avec l’artiste Eva Barto, elle organise l’émission radio ForTune sur la condition des travailleurs.euses de l’art et diffusée sur *DUUU. Elle prépare actuellement le premier catalogue personnel de l’artiste portugaise Isabel Carvalho et intervient comme tutrice au département design de l’École Normale Supérieure Paris-Saclay.
Trisha Brown : recherches chorégraphiques dans la ville
Conférence par Myrto Katsiki
Mercredi 15 mars à 18h — au CAUE
« Toutes les questions vaseuses qui surgissent quand on sélectionne le mouvement abstrait selon la tradition de la danse moderne, quoi, quand, où et comment, se résolvent par la collaboration entre le chorégraphe et le lieu. Si on élimine toutes ces possibilités extérieures, que l’imagination chorégraphique peut conjurer, et si on s’en tient à une personne qui marche par côté, c’est alors qu’on perçoit le mouvement en tant qu’activité. »
Trisha Brown, 1975
Figure centrale de la danse américaine, la chorégraphe Trisha Brown engage dans les années 1960–70 des expérimentations dans l’espace urbain. Cette conférence sera l’occasion de traverser quelques-unes de ces expérimentations dans les rues de New York, sur les façades de bâtiments, sur les toits…
Bio : Myrto Katsiki est chercheuse en danse et danseuse. Elle est doctorante au département Danse de l’université Paris 8, rattachée au laboratoire « Danse, geste et corporéité ». Elle enseigne l’analyse d’œuvres et de pratiques chorégraphiques dans ce même département ainsi qu’au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. Elle est chercheuse associée au Master exerce – études chorégraphiques à l’ICI-Centre Chorégraphique National de Montpellier, où elle enseigne depuis 2013 et collabore à la conception du programme pédagogique.
Mercredi 30 novembre à 18h au CAUE
Les fleurs du bitume, 2017, 57′
Documentaire de Karine Morales et Caroline Pericard
Dans les rues de Tunis et de Sfax, Chaima danse, Ouméma graffe, Shams slame. Elles ne se connaissent pas mais font parties de la même génération. Elles sont nées sous la dictature de Ben Ali. Elles sont les adolescentes de la révolution du Jasmin, qui a éclos en Tunisie en 2011. Elles incarnent toutes les nuances, parfois opposées, toujours complémentaires, d’un combat commun : la liberté des femmes dans leur pays… Un combat pacifique qu’elles mènent dans la rue, espace largement occupé par les hommes en Tunisie, et qu’elles ont choisi de reconquérir par la pratique du Street Art… Un combat qui fait osciller leur quotidien entre peur, espoir, violence, énergie créative et soif de liberté.
Mercredi 11 janvier à 18h30 à l’ASCA
Dogville, 2h57’, 2003
Film de Lars von Trier
Dans les années trente, des coups de feu retentissent un soir dans Dogville, une petite ville des Rocheuses. Grace, une belle femme terrifiée, monte en courant un chemin de montagne où elle fait la rencontre de Tom, un jeune habitant de la bourgade. Elle lui explique qu’elle est traquée par des gangsters et que sa vie est en danger. Encouragée par Tom, la population locale consent à la cacher, en échange de quoi Grace accepte de travailler pour elle. Lorsqu’un avis de recherche est lancé contre la jeune femme, les habitants de Dogville s’estiment en droit d’exiger une compensation, vu le risque qu’ils courent à l’abriter. Mais la pauvre Grace garde en elle un secret fatal qui leur fera regretter leur geste…
Mercredi 1er février à 18h au CAUE
L’espace urbain et l’habitat par un regard de femmes
Charlotte Perriand, pionnière de l’art de vivre, 52′, 2019
Documentaire de Stéphane Ghez
Designer et architecte, Charlotte Perriand, est l’une des personnalités phares du monde du design du XXe siècle qui a contribué à définir un nouvel art de vivre. Femme libre et engagée, elle a dessiné des meubles révolutionnaires devenus aujourd’hui des icônes du design contemporain. De ses combats avec l’avant-garde et Le Corbusier dans les années 1930, à sa découverte du Japon, ce film nous fait entrer dans l’intimité d’une militante de la modernité, d’une pionnière de l’art d’habiter.
Niki de Saint Phalle, un rêve d’architecte, 52′, 2014
Documentaire de Anne Julien et Louise Faure
Dès 1961, cette sculptrice et réalisatrice se rend célèbre avec ses performances artistiques telles que « Les Tirs » ou « Nanas ». De son passé tourmenté, elle tire son inépuisable force de création et construit dans l’espace public une réelle exaltation du bonheur de vivre. Ce documentaire, riche en archives souvent inédites, met en lumière comment les thèmes de la figure féminine, de la construction et la notion de refuge, sont au coeur de l’oeuvre de l’artiste et élabore son rêve d’architecture…
Mercredi 1er mars à 18h au CAUE
Le Havre, 1h33 », 2011
Film de Aki Kaurismäki
Marcel Marx, ex-écrivain et bohème renommé, s’est exilé volontairement dans la ville portuaire du Havre où son métier honorable mais non rémunérateur de cireur de chaussures lui donne le sentiment d’être plus proche du peuple en le servant. Il a fait le deuil de son ambition littéraire et mène une vie satisfaisante dans le triangle constitué par le bistrot du coin, son travail et sa femme Arletty, quand le destin met brusquement sur son chemin un enfant immigré originaire d’Afrique noire. Quant au même moment, Arletty tombe gravement malade et doit s’aliter, Marcel doit à nouveau combattre le mur froid de l’indifférence humaine avec pour seules armes, son optimisme inné et la solidarité têtue des habitants de son quartier. Il affronte la mécanique aveugle d’un Etat de droit occidental, représenté par l’étau de la police qui se resserre de plus en plus sur le jeune garçon réfugié. Il est temps pour Marcel de cirer ses chaussures et de montrer les dents.